Le Jeudi 15 Juillet 2010, la sirène des pompiers retentit dans Cour-l’Evêque. Les pompiers traversent le village pour s’immobiliser à la Résidence Champfleury. Chacun interrompt quelques instants son activité, s’inquiète en se demandant ce qui arrive puis reprend son ouvrage. Ce n’est que bien plus tard qu’on apprendra qu’en ce jour d’été 2010 s’est produit au village un évènement qui n’avait pas eu lieu depuis plus de 55 ans : une naissance !
En effet, désirant venir au monde plus vite que ce qui était programmé, la petite ALEXIA GARNIER avait décidé ce jour-là de prendre ses parents de court. Surprise du papa, Johnny, qui réparait sa voiture ; surprise de la maman, Ariane, qui a juste eu le temps de descendre dans le camion des pompiers garé en bas de l’immeuble. Et le bébé présentait déjà sa tête aux « heureux » accoucheurs du jour. ALEXIA venait de naître … sur le sol cotvaquois. Et ce n’est que parce que, administrativement parlant (une langue qu’on a du mal à comprendre parfois), le placenta a été retiré à l’hôpital de Langres, que la naissance d’ALEXIA a été déclarée là-bas. Mais, nous, nous savons bien qu’elle est née ici, à Cour-l’Evêque. Placenta ou pas. Administration ou pas. Et nous en sommes fiers !
Un évènement en soi
Oui, c’est un véritable évènement. Car, nous n’avions pas connu cela depuis plus de cinquante ans. Autant dire, une éternité. Il faut, en effet, remonter au 4 Janvier 1954 pour retrouver la dernière naissance dans notre village : il s’agissait d’Armelle DENYS, née THIVET, (décédée en 1989), fille de Laure MAROILLER, encore présente au village. C’était l’époque charnière entre les sages-femmes, itinérantes, qui se déplaçaient à domicile, et les maternités, sédentaires (à Chaumont entre autres). Cette année 1954 était donc vraiment la fin d’une époque. C’était décidé, les femmes n’accoucheraient plus à domicile. Les femmes allaient mettre au monde leur(s) enfant(s) dans une maternité qui offrait tout le confort et toute la sécurité nécessaire. On n’accoucherait à Cour-l’Evêque plus que par accident. Et c’est précisément ce qui s’est passé.
Des cotvaquois «de naissance», il en reste !
Dans quelques années, quand elle saura s’exprimer, ALEXIA pourra se vanter, avec quelques uns parmi nous, d’être née ici. Car des cotvaquois «de naissance» et vivant encore au village, il y en a encore ! Une bonne dizaine d’ailleurs. Par ordre alphabétique (pour ne froisser personne !), on trouve : Hubert BEGUINOT et ses deux fils Daniel et Guy ; Elizabeth et son frère Pierre CHALMANDRIER ; Régine ROUGELIN ; André THIVET et son frère Pierre-Noël ; Philippe THIVET ; et Paulette VIENNOT. Tous nés à domicile, sur le sol de la commune. Mis au monde par des sages-femmes qui n’hésitaient pas à braver les routes et les intempéries pour faire leur travail. Et qui repartaient souvent avec un colis sous le bras (une truite fraîchement pêchée dans l’Aujon par mon grand-père pour ce qui concerne Paulette, ma mère).
Des cotvaquois venus d’ailleurs
Tous les autres habitants vivant encore au village sont nés donc ailleurs. Dans les villages haut-marnais alentours ou à Chaumont. Parfois un peu plus loin. Comme Béatrice GALIZZI née à Tollaincourt dans les Vosges, Patrick THOMAS né à Romilly/Seine dans l’Aube. Comme aussi Jean-Claude PRUD’HOMME né à Commercy dans la Meuse et ses deux filles, Jeannique et Claudine, nées toutes deux à Vesoul en Haute-Saône. Comme Denis TILLAND, lui aussi né dans la Meuse, à Demange-aux-Eaux ou encore Christian LEONARD né à Nancy. Encore un peu plus loin, comme Cyril JEANNIN né à Dôle dans le Jura, sa compagne, Lydie BREGAND née à Auxonne dans la Côte-d’Or, Odile DESURMONT née à Mauron dans le Morbihan et son mari, Laurent, né à Valence dans la Drôme, Jérôme LOPES né à Miramas dans les Bouches-du-Rhône, Marcelle HUVIG née à Toulouse en Haute-Garonne, David WOJTOWICZ né à St Amand dans le Cher et Nathalie GROTTER née à Tourcoing dans le Ch’Nord. Même à Paris, comme Bernard NONCLERC, Christiane ROSE et moi-même. Et carrément plus loin, comme Claude MANS né au Tarf en Algérie, comme Marion SIMON née à Komotov en ex-Tchécoslovaquie, comme Judith et Joseph GALIZZI nés tous les deux en Italie, à San Giovanni, et comme Manuel LOPES né au Portugal à Burgaes. Sans oublier Madame GURY, née à Téhéran en Iran.
Quelque chose qui nous unit
Pour la majeure partie d’entre nous, notre point de départ se trouve quelque part sur la planète, plus ou moins loin d’ici. Mais nous avons tous, tous autant que nous sommes, au moins un point commun : celui d’être arrivé ici (par des chemins plus ou moins détournés) et de vivre ici, à Cour-l’Evêque. Comme la petite ALEXIA.
Christophe FEVRE.
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