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Titre du blog : Le Petit Charbonnier
Auteur : petitcharbonnier
Date de création : 15-01-2009
 
posté le 17-01-2009 à 12:39:30

DOSSIER : où vont nos déchets ?

A l’initiative du SMICTOM CENTRE, l’occasion nous a été donné de visiter le Jeudi 18 Septembre 2008 l’usine d’incinération de Chaumont, le centre de tri ainsi que la déchetterie fixe qui se trouvent tous les trois dans la zone industrielle de la Dame Huguenotte. C’était l’occasion rêvée de comprendre sur place comment sont traités nos déchets et comment ils sont triés afin de comprendre comment, nous, particuliers, nous devons traiter à notre niveau nos propres déchets.

 

En arrivant sur le site, on remarque immédiatement une grosse usine qui trône devant nous : c’est le Centre de Valorisation Energétique de Chaumont, en clair, c’est l’incinérateur. On remarque beaucoup moins, de l’autre côté de la route, en face, une espèce de grand hangar. Mais à y regarder de plus près, on aperçoit à l’intérieur des tas de sacs transparents : c’est le Centre de Tri. La déchetterie, quant à elle, se trouve au bout de cette route, derrière ces deux bâtiments.

 

L’INCINERATEUR

 

L’incinérateur de Chaumont

 

Nous sommes accueillis par un cadre de l’usine de façon très sympathique. Et on comprend assez vite que la société qui gère l’incinérateur est très organisée et très professionnelle. Ce n’est pas étonnant puisqu’il s’agit de VEOLIA, et plus précisément de VEOLIA PROPRETE, l’un des tous premiers acteurs du traitement des déchets en France. L’usine semble comme neuve puisqu’elle n’a que dix ans d’existence. Pourtant, elle fonctionne 24 heures sur 24 tous les jours de l’année. Y sont traités tous les déchets produits par les ménages haut marnais, du sud au nord. En effet, arrivent ici, par camion-benne de 7 tonnes ou par semi-remorque de 18 tonnes, les déchets que vous mettez dans les sacs noirs. Près de 78 000 tonnes par an en tout !

 

QU’EST-CE QUI EST BRULE ?

 

En fait, pour effectuer un bon tri chez soi, il faut comprendre que tout ce qui ne va pas ailleurs (dans les conteneurs spécialisés : verre, papier, plastiques, textiles, déchets verts …) doit finir dans ces sacs noirs et donc doit être au final brûlé. Depuis cet été, un règlement précis a été adopté par notre Conseil Municipal (à la demande expresse du SMICTOM – voir le règlement page 16) indiquant clairement dans quelle poubelle doivent être mis nos déchets selon leur catégorie. Il est par exemple interdit maintenant de mettre dans vos sacs noirs les « déchets verts » issus de votre jardin (les tontes de pelouse, les branchages, les fleurs …). Cela se comprend finalement puisque les tontes de pelouse, avec la fermentation, ne facilitent pas la combustion dans l’incinérateur. Pour les branchages, on pourrait penser, au contraire, que cela puisse améliorer la combustion grâce au bois. Mais le SMICTOM a décidé de créer une catégorie « verte » qui recueille tout ce qui a trait au jardin. Vous l’aurez compris, on ne doit retrouver dans vos sacs noirs que vos déchets ménagers (y compris, la vaisselle cassée ou pas, le verre cassé ou des produits en verre  qui ne rentrent pas dans le conteneur verre).

 

QUE DEVIENT MON POT DE YAOURT ?

 

Le schéma ci-dessous explique ce qu’il se passe ensuite, une fois nos sacs noirs arrivés dans l’usine. Ils sont d’abord stockés dans une fosse qui peut contenir jusqu’à 1 800 m3 de déchets (soit l’équivalent de 3 jours de collecte). Grâce à un gros grappin, ce tas d’ordures est sans arrêt remué afin d’homogénéiser le tout (pour une meilleure combustion). Régulièrement, le grappin envoie des ordures sur l’un des deux tapis qui mènent aux deux fours de l’usine pour y être brûlées à plus de 1 000 degrés. Sachant que chaque four a une capacité de 5 tonnes d’ordures par heure, vous pouvez imaginer ce que les deux fours peuvent produire comme chaleur chaque jour ! Toute cette chaleur est d’ailleurs utilisée pour chauffer de l’eau qui, transformée en vapeur d’eau sous pression (35 bars), va faire tourner des turbines afin de produire de l’électricité. La quantité d’électricité produite par l’incinérateur de Chaumont n’est pas négligeable d’ailleurs puisque cela représente 30 000 mégaWatts par an : 15% est utilisé pour la consommation interne d’électricité de l’usine et 85% est revendu à EDF (cela représente quand même la moitié de la consommation annuelle d’électricité d’une ville comme Chaumont).

 

Le traitement des ordures dans l’incinérateur

 

QUELLES SONT LES CONSEQUENCES VISIBLES DE LA COMBUSTION DES DECHETS ?

 

Brûler des déchets entraîne obligatoirement des fumées qui s’échappent par la cheminée haute de 35 mètres. Ces fumées, VEOLIA garantit leur traitement dans les meilleures conditions possibles. Et chiffres à l’appui, le cadre de l’usine nous prouve que l’incinérateur de Chaumont est bien en dessous des normes imposées par le Ministère de la Santé. Pour les rejets de dioxine par exemple, substance connue pour les dégâts occasionnés lors la catastrophe chimique de Sévéso en Italie, VEOLIA assure un rejet de 0,003 g. quand la norme impose un maximum de 0,1 g. Idem pour l’acide chlorhydrique : il sort des cheminées de Chaumont 4 g. pour une norme de 10 g. maximum. Donc, de ce côté, tout semble aller bien. Cela dit, l’usine de Chaumont est continuellement surveillée, à la fois par des contrôles internes quotidiens et par des contrôles inopinés effectués par la DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie). Les contrôles internes sont également doublés de contrôles faits par des organismes indépendants, histoire de pouvoir recouper toutes les informations. Car le problème des fumées est un vrai problème qui peut avoir des conséquences graves et directes sur la santé de la population environnante. A tel point qu’il existe un Plan de Surveillance Environnemental (PSE) qui prévoit de contrôler très régulièrement l’état du lait produit par les vaches qui broutent autour de l’usine, l’état des sols et des végétaux environnants. De ce point de vue, je ne pense pas qu’il y ait lieu de s’inquiéter pour notre santé, en tout cas pas plus que pour d’autres sources de pollution connues.

 

La cheminée de l’incinérateur

 

La combustion des déchets produit également des résidus solides. Ce sont d’abord les mâchefers (23% du total initial des ordures, soit 18 000 tonnes par an) qui servent à faire des revêtements de route, ensuite des métaux (3% du total initial des ordures, soit 2 300 tonnes par an) qui sont recyclés dans différentes industries (automobiles par exemple) et enfin, et surtout, des cendres qui, pour le coup, sont très toxiques et qui sont envoyées par convoi spécial dans une usine de stockage dans la Meuse pour enfouissement. Ces cendres ne peuvent être ni recyclées, ni traitées. Le cadre de VEOLIA nous a bien sûr rassuré en nous précissant qu’elles étaient de classe 1 sur l’échelle de dangerosité qui en compte trois. Toujours est-il que cela représente près de 5% du total de nos déchets ménagers, soit 3 500 tonnes par an ! Ce n’est pas négligeable.

 

VALORISATION DE NOS DECHETS

 

On le comprend maintenant mieux. Nos déchets ménagers sont brûlés mais surtout valorisés : 95,5% de ce que nous mettons dans nos sacs noirs est transformé soit en électricité, soit en matériaux pour les routes, soit en métaux pour l’industrie. L’usine de Chaumont est bel et bien un incinérateur mais aussi, comme le précise VEOLIA, un centre de valorisation énergétique. Nous pouvons donc être rassuré dans notre conscience de consommateur (gaspilleur d’emballages en tout genre). Mais cela n’est pas gratuit, loin de là !

 

COMBIEN CA COUTE ?

 

Il y a quelques mois, le SMICTOM nous a tous distribué un petit papier sur lequel on pouvait lire le coût de chaque traitement des ordures. On pouvait constater que l’incinérateur de Chaumont coûtait (avec le coût de la collecte hebdomadaire) pas moins de 211 € la tonne. Sachant que l’usine traite chaque année 78 000 tonnes de déchets, cela représente un coût total annuel de 16 500 000 € ! En francs, cela fait quand même 108 000 000 FRF ! Cela représente le budget d’une grosse entreprise. L’usine de Chaumont emploie 23 personnes sur le site et la collecte, une vingtaine d’employés. Cela fait en tout, disons, 45 personnes. J’ai l’impression qu’il y a un « petit » décalage entre le nombre d’employés et le chiffre d’affaires réalisé par cette usine. Alors, je sais bien qu’il y a l’investissement énorme de l’infrastructure à payer. Mais quand même. J’ai l’impression que le coût est « un peu » surestimé. En clair, je pense que nous payons trop individuellement. D’autant plus que VEOLIA est une entreprise privée et que le premier objectif d’une entreprise est de faire du bénéfice. La collecte de nos ordures ménagères n’est pas un service public à proprement parlé : il l’est parce qu’il est commandité par un syndicat composé d’élus locaux mais il ne l’est plus parce que le service a été confié à une entreprise privée qui, pour augmenter son bénéfice, va soit baisser ses coûts, soit augmenter ses tarifs … soit les deux en mêmetemps ! Un rapide coup d’œil sur internet montre que ONYX (la filiale de VEOLIA), qui gère Chaumont ainsi qu’une centaine de centres en France comme celui-là, a fait un chiffre d’affaires en 2004 (je n’ai pas de chiffres plus récents) de 6,2 milliards d’euros pour un bénéfice net de 145 millions d’euros ! On peut comprendre pourquoi maintenant on paie aussi cher et pourquoi notre facture ne risque pas de baisser demain.

 

TROP, C’EST TROP !

 

Pour résumé, nous pouvons dire que :

1– nous payons 87 € par personne et par an pour la collecte et le traitement de nos ordures.

2– VEOLIA facture sa prestation au SMICTOM 16 500 000 € par an.

3– VEOLIA revend 25000 MW d’électricité à EDF (je ne connais pas le tarif).

4– VEOLIA revend 17 000 tonnes de mâchefers (je ne connais pas le tarif).

5– VEOLIA revend 1 800 tonnes d’acier (je ne connais pas le tarif).

6– quand nous appuyons sur l’interrupteur pour allumer une lampe, nous payons de l’électricité qui a été produite en partie par nos ordures, que nous avons donc déjà payé en partie, en clair que nous payons deux fois !

 

Je constate pour finir que VEOLIA gagne beaucoup d’argent quand le SMICTOM « pleure » pour boucler son budget et récupérer son argent auprès des trésoreries départementales.

 

LE CENTRE DE TRI

 

Notre visite s’est poursuivie vers le centre de tri, c’est-à-dire l’endroit où sont traitées nos poubelles blanches. L’endroit est totalement différent de celui que nous venons de visiter. C’est moins propre, moins bien rangé. On entre par une grande porte et de suite, on voit à gauche un gros tas de détritus multicolores. Vingt-cinq camions de collecte (gérés là encore par VEOLIA) amènent chaque jour les sacs transparents. Ils viennent de toute la Haute-Marne et « livrent » plus de 8 000 tonnes de déchets par an.

 

Le centre de tri de Chaumont : intérieur

 

INTERVENTION HUMAINE

 

Un engin élévateur amène les déchets sur une trémie régulatrice qui permet (en théorie) un approvisionnement régulé et constant de la chaîne de tri. Ensuite, un crible à étoile permet de séparer les corps creux (bouteilles et flacons) des corps plats tandis qu’une personne récupère, après ce premier tri, les sacs transparents qui, comble de l’histoire, ne peuvent pas être recyclés ! Les déchets arrivent ensuite sur la chaîne de tri où une équipe de huit opérateurs trie à la main tout ce qui passe sur le tapis roulant. Autant dire qu’il faut être bien réveillé car le tapis roule à une vitesse rapide. Tellement rapide que, le temps de notre passage (à peine 5 minutes), le tapis a été arrêté 3 fois parce que les employés n’avaient pas eu le temps de tout trier. La vitesse du tapis était manifestement trop élevée (sans doute pour imposer un certain rendement). Seulement, quand il y a 3 arrêts de travail en 5 minutes, on ne peut plus parler de rendement, à mon avis !

 

Le tri manuel au centre de tri

 

Bref, il faut savoir que vos poubelles blanches sont triées à la main afin de faire des tas selon les catégories : flaconnages en plastique, canettes en alu, emballages en métal, briques, cartons, papier. Précisons aussi que 10 à 15% de ce qui arrive au centre de tri finit au bout de la chaîne en « refus de tri », c’est-à-dire que cela ne va pas être recyclé et que cela prend donc la direction de l’incinérateur de l’autre côté de la rue pour y être brûlé.

 

JEU DE BALLES

 

Chaque tas passera ensuite dans une grosse presse à balles qui sert à compacter les déchets et à faciliter ainsi leur transport vers les lieux de recyclage. Le plastique sera transformé en granules pour redevenir des emballages, des tuyaux, des poubelles, des moquettes de voiture ou des pulls en laine polaire, entre autres. Le papier, qui peut être recyclé 8 à 12 fois dans sa vie de papier, deviendra du papier d’emballage ou des journaux. Le carton, lui, sera transformé en emballage industriel et ménager sous forme de carton plat ou ondulé. La brique alimentaire deviendra du papier peint, des enveloppes ou du papier de soie. L’acier servira à fabriquer des voitures ou des appareils électroménagers tandis que l’aluminium se retrouvera dans la fabrication d’objets aussi divers que des radiateurs, des semelles de fer à repasser, des VTT ou des revêtements de disques lasers.

 

UNE GESTION PRIVEE

 

Ce sont une bonne vingtaine de personnes qui travaillent au centre de tri de Chaumont. Ce sont les employés d’une société privée, la société CHAZELLE qui fait partie en réalité du groupe SITA qui lui-même fait partie du groupe SUEZ. On retrouve donc là, avec VEOLIA cité plus haut, les deux gros acteurs historiques du secteur. Pour SUEZ et VEOLIA, même combat : il faut forcément faire du profit. Seulement là, on nous précise que la tonne ne coûte que 28 euros (collecte et recyclage). C’est 7 fois moins cher que la tonne qui passe par l’incinérateur ! Donc, il est facile de comprendre qu’il vaut mieux envoyer nos déchets au centre de tri qu’à l’incinérateur. En clair, il faut trier.

 

SAVEZ-VOUS TRIER ?

 

En visitant toutes ces installations, j’ai enfin compris quelque chose (mais vous l’aviez peut-être déjà compris avant moi ?) : pour faire un bon tri,il faut regarder la petite feuille qui a été distribuée et la suivre à la lettre, c’est tout ! Je m’explique : quand on reçoit, par exemple, des prospectus par la Poste, souvent le papier est mis dans du cellophane. Le bon geste consiste à défaire le cellophane pour mettre le papier, et seulement le papier, dans le conteneur à papiers. Mais que faire du cellophane ? Pour moi, je considérais cela comme du plastique donc je le mettais dans ma poubelle blanche. Erreur ! Ce plastique là n’est pas recyclable. Donc, il faut le mettre dans le sac noir. Julie, l’ « ambassadrice du tri » au SMICTOM, m’a bien précisé qu’il fallait lire notre petite feuille et se conformer uniquement à ce qui était en photo. Regardez le calendrier que le SMICTOM vient de nous distribuer. Et s’il n’apparaît sur aucune des photos, c’est simple : il faut le mettre dans le sac noir. Attention, je parle là des déchets ménagers uniquement. S’il s’agit de déchets verts, vous avez maintenant compris qu’il fallait soit les mettre dans son composteur individuel, soit à la déchetterie mobile d’Arc-en-Barrois. Et s’il s’agit de textiles, de déchets électroniques et électriques, de déchets de démolition et de travaux, il faut les mettre obligatoirement à la déchetterie d’Arc.

 

CONCLUSION : appel gratuit au 0800 125 885

 

J’espère qu’avec ce dossier, les choses sont plus claires pour tout le monde. Et si jamais vous avez un doute ou une question, je vous conseille d’appeler directement le SMICTOM de Chaumont au 0800 125 885. Vous aurez la réponse exacte à votre question et, en plus, l’appel est gratuit !

 

Bon tri à tous !

 

Christophe FEVRE.