posté le 15-01-2011 à 19:58:30
Le réseau d'eau potable à Cour-l'Evêque
Elément essentiel à la survie de l’homme, mais également à tous les êtres vivants et les végétaux, l’eau qui aujourd’hui nous est indispensable chaque jour et que nous pouvons consommer sans modération, l’eau qui arrive dans nos maisons à une histoire.
Déjà en 1930, la commune de Cour l’Evêque sollicitait le Génie Rural pour un projet d’alimentation en eau potable. Presque deux années plus tard un projet basé sur l’utilisation de la source du Val Bruant (ferme située entre Arc-en-Barrois et Giey-sur-Aujon à 7 Kms de notre village) qui appartenait à un certain Mr Racine, Sous-Intendant militaire. Ce dernier s’alimentant à la source, alimentant son cheptel et irriguant son domaine ne voulut en aucun cas céder son droit de jouissance. Ensuite en 1934, un sourcier d’Arc a fait une prospection autour du village et trouvait un filet d’eau à 9 mètres de profondeur, dans une friche sur le plateau au nord ouest de la commune (aux environs des châteaux d’eau). Le projet ne s’est pas réalisé. Ce n’est qu’après la guerre, en 1949, dans la séance du conseil municipal du 9 Décembre, que Jean-Paul Guillaume, maire, expose l’utilité et l’urgence des travaux d’adduction en eau potable pour la commune.
Le projet reprend et en 1953, un courrier du Génie Rural stipule que le géologue officiel a émis « un avis nettement défavorable à toutes recherches d’eau sur les coteaux où il ne pourrait exister que des suintements superficiels très localisés et de débits minimes ». Les recherches se sont donc orientées dans la nappe alluviale de l’Aujon en amont du village, dans une zone ou la rivière ne tarissait pas encore. Cette année-là, la commune ayant également fait appel à un radiesthésiste, l’administration a tenu à rappeler qu’elle « ne peut considérer les données de ces praticiens comme scientifiquement établis et que, de toute manière, le point d’eau devra être accepté par le géologue officiel ». Après quelques années de recherches et d’études, au début de l’année 1956, sur les conseils du Génie Rural et à la demande des communes voisines, il est créé un Syndicat Intercommunal d’Adduction en Eau Potable (SIAEP) réunissant les communes de Cour-l’Evêque, Coupray et Montribourg. Ce n’est qu’en 1958 que la commune de Créancey a rejoint le syndicat. Finalement c’est à partir de 1960 que les travaux pourront débuter. Deux entreprises différentes ont été choisies, l’une opérant à Cour-l’Evêque et l’autre à Coupray et les travaux ont suivi dans les autres communes ensuite. A cette époque, je fréquentais l’école communale et je me souviens des tranchées dans tout le village, de l’installation des tuyaux et de la construction du château d’eau. C’est le Syndicat Intercommunal qui a géré tous ces travaux avec l’aide du Génie Rural. Ce syndicat est composé de deux délé-gués pour les communes de Cour-l’Evêque, Coupray, Créancey et un délégué de Montribourg. Deux personnes sont employées à temps partiel, une secrétaire et un fontainier. Le premier fontainier fut Mr René Thivet qui vient de nous quitter récemment.
Le rôle du fontainier est très important, il doit surveiller les niveaux dans les châteaux d’eau, relever les compteurs de pompage et de distribution dans les villages chaque semaine ainsi que les compteurs des particuliers 2 fois par an. Il doit aussi détecter les éventuelles fuites sur le réseau. A noter que depuis la création du syndicat, tous les fontainiers ont résidés ou réside encore à Cour-l’Evêque.
L’évolution de la population et l’usage de l’eau de plus en plus importante ont amené le conseil municipal en 1983 à envisager la construction d’un second château d’eau car la réserve incendie d’une capacité de 25 m3 n’était pas suffisante vu le nombre d’habitants. C’est donc la commune de Cour-l’Evêque qui en accord avec le syndicat s’est chargée de la construction d’un réservoir supplémentaire d’une capacité de 150 m3 à proximité de l’ancien et les deux réservoirs ont été mis en communication. Le financement en complément des subventions a été assuré par la commune de Cour-l’Evêque pour 70/105éme et le Syndicat pour 30/105éme et une convention a été établie entre les deux parties confiant la gestion et l’entretien au syndicat.
Au début, pour pouvoir rembourser les emprunts assez conséquents, le syndicat facturait l’usage de l’eau sur la base d’un forfait annuel de 30 m3 par personne et pour les agriculteurs éleveurs 22 m3 par gros bovin, 11 m3 par jeune bovin et 2 m3 par porc. Mais l’administration ayant jugé que ce n’était pas règlementaire, à partir du 1er Mars 1996, ce sont les mètres cubes effectivement consommés qui sont facturés, 3,55 francs/m3 + 100 francs de location de compteur et 120 francs de frais de fonctionnement par an. Aujourd’hui le prix du m3 est de 0,70 Euro, HT. Il y a une différence assez significative entre le volume d’eau qui sort de la station de pompage et le volume facturé aux usagers. Je n’ai pas retrouvé les relevés de comptage des années 60-70, mais à partir de 1976, pour l’année, il y a eu 64 880 m3 pompés contre 45 729 m3 facturés, soit un rendement de 70,50 %. En 1986, 86 355 m3 pompés contre 26 222 m3 facturés. En 1996, 55 048 m3 pompés et 34 465 m3 facturés et en 2006, 53 643 m3 pompés pour 34 496 m3 facturés, soit un rendement de 64,30 %. En Novembre 2010, il y a eu environ 800 m3 pompés par semaine, avec une répartition en sortie de château d’eau de : 260 m3 pour Cour-l’Evêque, 140 m3 pour Coupray, 45 m3 pour Montribourg et 217 m3 pour Créancey. Mais ces chiffres ne sont pas significatifs, d’une année sur l’autre, il peut y avoir de grosses différences dues au temps sec ou pluvieux, au changement du mode de facturation, à des fuites plus ou moins importantes sur le réseau. Fuites qui risquent de survenir plus fréquemment vu l’âge du réseau et la longueur des canalisations. En effet, l’eau qui est pompée à Cour-l’Evêque et poussée jusqu’aux deux châteaux d’eau, redescend d’une part pour alimenter le village et d’autre part desservir la ferme du Val Corbeau et le château d’eau de Coupray par gravitation, ensuite alimente Montribourg, puis la ferme du Moulin Bizet, traverse la route D65 puis la ligne de chemin de fer et arrive, un peu avant Créancey, dans une « bâche » ou réserve avant d’être remontée à l’aide de pompes dans le château d’eau qui alimente d’un coté le village de Créancey et de l’autre les fermes de Volargeot et de la Lucine. La qualité de notre eau est très bonne jusqu’à présent et toutes les analyses d’eau effectuées par les laboratoires le prouvent. A ma connaissance, il n’y a jamais eu de résultats non conformes et nous devons faire en sorte que cela perdure. Nous sommes tous plus ou moins responsable de la qualité de l’eau. Il y a des périmètres de protection prévu par un hydrogéologue, le périmètre immédiat : c’est la surface autour du captage qui doit être entourée d’une clôture. Le périmètre rapproché : surface beaucoup plus importante avec des contraintes (pas de rejet d’assainissement, pas de stockage de produits chimiques, de purin et de lisier, d’effluents industriels et domestiques etc..) et le périmètre éloigné qui va du coteau du moulin et englobe le bois de la garenne. Dans ce périmètre, les activités seront soumises à autorisation.
Le 3 septembre en mairie de Cour-l’Evêque a eu lieu une réunion organisée par le Syndicat avec le concours de l’Agence Régionale de Santé, le Conseil Général, la Chambre d’Agriculture et à laquelle j’ai assistée. Il est regrettable que les exploitants concernés n’aient pas assisté à cette réunion qui visait à débattre de la pertinence des recommandations formulées par l’hydrogéologue et des conséquences de leur application tant au plan pratique qu’au plan économique. Il a été constaté que l’activité agricole actuelle n’est source d’aucune pollution, ne nécessite pas une remise en cause et qu’il suffirait d’un simple cadrage pour éviter les dérives. Prochainement, il y aura un projet d’arrêté préfectoral qui sera soumis à enquête publique, donc tous les habitants du village pourront en prendre connaissance et donner leur avis.
Aujourd’hui, le SIAEP est présidé par Alain Vesaigne de Montribourg, les deux délégués de Cour-l’Evêque sont Maurice Martin (vice-président) et Denis Tilland, le fontainier est Joseph Esprit et la secrétaire Marie-Pierre Hugo de Giey-sur-Aujon.
Guy BEGUINOT.